Lemon, Yeo-Sun KWON

레몬, 권여선

édition La Croisée

12 Avril 2023

Quel roman surprenant que Lemon ! 

L’autrice nous narre en huit chapitres l’histoire de ses trois protagonistes avec en filigrane, une quatrième héroïne : Hae-On. Cette dernière est le lien entre les autres personnages. Elle a été tuée en 2002 alors qu’elle n’était que lycéenne. L’affaire n’a jamais été vraiment résolue et Da-Eon sa cadette va tout faire pour chercher à comprendre.

A travers Da-Eon, jeune femme brisée par la perte d’un proche et son besoin de réponses, nous découvrons une société coréenne prise sous les normes et les obligations de rentrer dans des cases. Ici le meutre met en exergue la beauté de Hae-On, le fait qu’elle en jouait avec les garçons mais aussi qu’elle s’affranchissait des diktats de la société. N’est-ce pas à cause de cela qu’elle a été assassinée ? Le principal suspect de ce meutre est un jeune homme, pauvre, handicapé. Là encore, loin de la bonne image que doit renvoyer un homme. Mis au banc de la société, il offre un coupable parfait. La police n’accorde aucun crédit au témoignage de sa sœur … petite fille pauvre et donc pas fiable à leurs yeux. Enfin, le troisième personnage est un garçon de bonne famille, riche. Soupçonné rapidement, la piste a vite été écartée. Trop parfait pour être coupable.

Face à cette société, Da-Eon a dû grandir et se faire une place. Mais nous sentons à travers ce récit qu’elle ne va pas bien, que la perte de sa sœur a créé chez elle un trouble proche de la folie ou de la schizophrénie. En effet, à certains moments elle cherche à remplacer sa sœur, à d’autres elle rêve de s’imposer pour ce qu’elle est. Sa quête de vengeance est le moteur de cette histoire mais aussi son seul moyen pour enfin devenir elle-même.

A aucun moment l’autrice ne répond aux questions que son lecteur se pose. C’est à nous de nous faire nos propres avis. L’esprit dérangé de Da-Eon est là pour nous guider mais nous comprenons vite qu’elle n’est pas fiable. C’est en cela que ce livre est très intéressant. A la limite du thriller, mais sans aucun coupable désigné à la fin. 

  • le titre est en référence à un poème écrit par une camarade de Da-Eon, le jaune est aussi une couleur qui revient dans les habits que portent les deux soeurs tout au long de ce roman. 

Certaines vies sont injustement cruelles, et nous continuons à vivre en les ignorant, comme de misérables insectes.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

%d