Ma mémoire assassine, KIM Young-Ha

살인자의 기억법

Editions Philippe Picquier

6 mars 2015

Livre incontournable de la littérature coréenne, Ma mémoire assassine est un ouvrage fascinant ! Son auteur, KIM Young-Ha est à connaître, auteur phare en Corée du Sud, il a su séduire un public international avec des œuvres poignantes et surtout à l’image de la société. Son style est cru, incisif, drôle et souvent très cinématographique. Ce qui lui vaut l’adaptation de Ma mémoire assassine !

Synopsis

Kim Byeong-su est un vieillard, ancien vétérinaire aux yeux du monde, il est en fait un ancien tueur. Toutefois sa vie bascule lorsqu’il apprend qu’il a Alzheimer et qu’il côtoie un tueur en série qui est en couple avec sa fille adoptive Eun-Hee. Il lui faut reprendre du service et assassiner cet homme avant qu’il n’assassine sa fille. Quand la mémoire déraille, les choses se compliquent. A quoi se fier quand on ne peut même plus se fier à soi-même ? 

Avis

KIM Young-Ha est un des premiers auteurs coréens que j’ai découvert. Sa plume à la fois cruelle et vraie m’a séduite instantanément. Ma mémoire assassine ne fait que 150 pages, néanmoins il n’est pas bref. Il est extrêmement bien construit ! Des passages courts et d’autres plus longs, comme la mémoire de Kim Byeong-Su qui parfois revient et parfois s’enfuit. Le lecteur est happé dans les pensées de cet homme. Nous sommes confus car nous ne comprenons pas toujours ce qui arrive au protagoniste. Et c’est ce sentiment qui fait que nous ne pouvons pas lâcher ce roman avant d’avoir le point final. Le besoin de comprendre, de savoir mais aussi ce sentiment de malaise pour cet homme qui perd la mémoire nous tient en alerte. Il a beau être un ancien criminel, nous le prenons pitié. Nous avons de la sympathie pour lui et nous en venons à espérer qu’il arrive à tuer l’autre homme avant qu’un malheur plus grand ne survienne (sans réellement savoir si un quelconque risque existe réellement). Un joli tour que l’auteur nous offre là.

Les hommes sont tous prisonniers du temps. Et ceux qui sont atteints d’Alzheimer sont enfermés dans une prison dont les cellules rétrécissent de plus en plus vite. J’étouffe.

J’adore ce livre, je le relis une fois par an car c’est un petit bijou. Que ce soit dans sa forme ou dans son fond, KIM Young-Ha réussi à nous faire un polar en usant de bribes de mémoires décousues en très peu de pages et sans jamais tomber dans le drame, l’horreur ou le gore mais en gardant un soupçon d’humour bienvenu. 

Se faire assassiner est la pire qui soit. Il faut à tout prix l’éviter.

Si vous avez aimé ce roman, je vous recommande son adaptation en film: La mémoire assassine (살인자의 기억법) de Won Shin-Yeon sorti en 2017. Il ne s’agit pas de mettre le livre en image mais de reprendre l’histoire et d’en faire un un scénario qui va au cinéma. Nous ne retrouvons pas exactement l’ouvrage, la fin diffère mais le sentiment et l’ambiance y sont et c’est en ça que c’est très bien joué. Je noterai tout de même que le film est un thriller ambiance polar noir, psychologique et qu’il occulte l’humour du roman. 

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